Laurence Ansquer
Anglet – Puces de Quintaou, le 23 Janvier 2010
Depuis quand êtes vous passionnée de brocante et d’antiquités ?
J’ai toujours côtoyé ce milieu, quand j’avais 18 ans, j’allais au marché des Halles à Bayonne. En fait j’aime la brocante, les vieilles choses, leur histoire. Quand j’ai décidé d’en faire mon métier après avoir élevé mes enfants, j’avais l’idée d’ouvrir une boutique et j’ai voulu tester, voir le contact clientèle en déballage et… depuis, j’expose toujours sur le trottoir ! (rires) On voit plus de monde, l’abord est plus facile, les clients n’ont pas de porte à pousser.
Qu’est-ce que vous exposez comme objets ?
Essentiellement de l’art populaire. Je n’achète que des choses que je pourrais mettre chez moi et avec lesquelles je pourrais vivre. Je ne vis pas dans une brocante, mais j’ai une maison qui a une âme et qui a des airs de maison de famille parce qu’il y a tout ce charme du passé apporté par les objets anciens.
Il faut que j’aie un coup de cœur pour l’objet, si je ne le connais pas, je vais aller faire des recherches, je vais essayer d’apprendre des choses. Je recherche beaucoup d’objets de cuisines, de travaux paysans, de la vaisselle, et aussi tout ce qui est du Pays basque, ma région d’origine.
Vos objets sont plutôt raffinés même si c’est de l’art populaire, comment faites-vous ?
Oui, parce que même lorsque les objets sont dans un état pitoyable, je fais en sorte de leur redonner vie pour qu’ils repartent pour 20 ou 30 ans, ou toute une vie dans une autre famille qui va à son tour se l’approprier. J’ai envie qu’ils aient le même coup de cœur que moi grâce à la remise en état que j’aurais faite. Tous ces objets peuvent très bien aller dans un intérieur contemporain, ils vont rappeler un souvenir à tout le monde. Je ne sais pas revendre un objet tel quel. Je vais avoir plaisir à enlever la poussière et à lui rendre sa beauté.
Qu’est-ce qui entretient votre flamme pour la brocante ?
C’est d’abord une passion que je partage en famille. Je vends ensuite du petit bonheur, des plaisirs, du souvenir ! Pour moi, chaque déballage est comme une première fois, je déballe, je monte mon banc, j’ouvre ma boutique. Ma marchandise tourne tout le temps et comme je suis attachée à tout ce que je vends, j’aime transmettre cette passion pour tout ce qui a trait au travail de l’homme, tout ce qu’il a fait de ses mains. J’ai aussi des objets insolites comme ce blaireau en taxidermie des années 40-50, dont j’avais très peur au début, mais qui plaît beaucoup à mes clients pour leur cabinets de curiosités !
Et si on faisait un tour de votre étalage aujourd’hui ?
J’ai ce moulin à café en tôle du XIXème. Je l’aime parce qu’il est d’origine, dans son jus, même si je l’ai ciré, patiné, quelqu’un au XIXème l’a tenu entre ses jambes pour moudre le café. Celui qui est derrière est encore plus vieux, il est XVIIIème. Là ce sont des ciseaux pour tondre les moutons, et j’aime autant ces ciseaux que cette pince à gants en buis, un objet très raffiné qui servait à former les gants des dames, elles avaient ça dans leur boudoir. J’aime aussi ce trébuchet d’horloger, ces moules à chocolat XIXème en fer blanc, cette assiette XVIIIème, ce linge basque, cette gouge ancienne, début XXème pour travailler les asperges.
Qu’est-ce qui vous plaît aux Puces de Quintaou ?
J’ai connu Quintaou via des collègues qui le faisaient bien avant moi, j’aime bien l’atmosphère de Quintaou, j’aime bien l’endroit, je viens chaque mois. D’un marché à l’autre, je ne retrouve jamais la même clientèle. A Quintaou, ils viennent se promener, ils peuvent venir pour la brocante et ils vont découvrir un livre de cuisine ou un baby-gros. J’ai parfois l’impression de faire musée ! Mais le mélange des genres est intéressant : les gens vont s’attarder un peu plus, ils vont découvrir quelque chose, il va y avoir un souvenir, un contact, une rencontre avec l’objet et ils vont avoir une envie ou un coup de cœur.
Quels conseils donneriez-vous aux chineurs ?
D’abord pour bien acheter et être bien reçu, je leur conseille de ne jamais dévaloriser la marchandise. Tout est négociable, mais avec le sourire. Quand on arrive sur un étalage, il faut penser que le brocanteur fait son métier, il ne fait pas la manche ! Le brocanteur dans l’âme est libre mais il a une passion. Dans notre métier il faut aimer ce qu’on fait : le matin on part à des heures pas possibles, quelque soit le temps, la température, on déballe, qu’il y ait des gens ou non on garde le sourire, enfin pour ce qui est de mon cas ! Et avant tout, en plus des objets, il faut aimer les gens. Je crois que si on n’aime pas les gens, on ne peut pas faire ce métier.
Je leur dirai aussi qu’en brocante, il n’y a pas de double exemplaire, on peut hésiter mais il faut savoir que l’objet ne restera pas. Cela m’est arrivé alors que j’avais acquis une caisse enregistreuse en bois : je venais juste de terminer de la restaurer et je l’ai exposée tout en souhaitant ne pas la vendre immédiatement et ce jour-là des clients me l’ont achetée sans discuter ! J’étais frustrée parce que je n’avais pas fait mon chemin avec l’objet !